Discours du serviteur des deux Saintes Mosquées sa Majesté le Roi ABDULLAH BEN ABDULAZIZ, souverain du Royaume d’Arabie Saoudite a l’ouverture de la troisième session de la conférence islamique extraordinaire au sommet.
Bismillah Arrahman Arrahim
Loué soit le Seigneur qui nous dit dans son Saint Livre : « Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les Hommes »
Dieu bénisse et apporte le salut à notre Maître et prophète Mohamed, Annonciateur de Miséricorde pour les deux mondes.
Mes chers Frères, Dirigeants de la Oummah islamique,
Honorables frères,
Assalamou aleikom wa rahmat Allah wa barakatouh
Je suis heureux de vous accueillir au nom de vos Frères du Royaume d’Arabie saoudite et en mon propre nom et de vous souhaiter la bienvenue en Terre Sainte, Lieu de la Révélation et Berceau du Message Prophétique, tout en vous exprimant tous mes vœux de succès dans vos délibérations.
En acceptant si aimablement de répondre à l’invitation qui vous avait été adressée l’an dernier et depuis la Terre Sainte par votre Frère, vous aurez témoigné de manière on ne peut plus éloquente du désir impérieux de changement – de changer pour le mieux- qui émane des tréfonds de la Oummah. Faisons donc en sorte que ce Sommet soit, si Dieu le veut, un bon augure, annonciateur d’un lendemain radieux et prospère.
Chers Frères,
De ces lieux, du pays de la Prophétie, l’Appel de l’islam avait retenti pour proclamer haut et fort l’Unicité du Créateur et mettre définitivement un terme à la servitude et à l’exploitation de l’homme par l’homme en brandissant l’étendard de l’égalité, du droit et de la justice. Cet appel est parvenu très vite à atteindre les confins du globe et à rallier d’innombrables nations. S’il y est parvenu, ce n’est pas - n’en déplaise à ceux qui font mine d’ignorer la réalité des choses ou se refusent à regarder la vérité en face - par le glaive et le feu, mais par la seule vertu des hautes valeurs et du bon exemple. Souvenons-nous que cette civilisation islamique qui est la nôtre fut jadis et naguère un phare puissant qui éclaira le monde et que moult autres civilisations avaient emprunté à l’Islam son bel esprit de tolérance et son sens de l’équité. Cette brillante civilisation islamique devait ainsi baliser le terrain et montrer la voie à l’humanité tout entière, de par les trésors de connaissances qu’elle lui a apportés dans les domaines de la jurisprudence, de la pensée, des sciences et des lettres, faisant ainsi apparaître le monde musulman de l’époque comme une oasis de lumière au milieu de l’océan des ténèbres médiévales.
Chers Frères,
C’est avec des sentiments mêlés d’amertume et d’affliction que nous avons assisté au déclin de cette prestigieuse civilisation, et vu comment, après avoir été autrefois au faîte de la puissance et de la gloire, elle est tombée dans les abîmes de la veulerie et comment l’idéologie criminelle née de l’imagination de certains esprits malades a servi à semer la gabegie et à corrompre les mœurs
Nous avons vu comment cette Oummah, qui fut une et indivise, majestueuse et altière, avait éclaté en une poussière de petites entités vulnérables et sans force.
Mais toujours est-il que celui dont la foi en son Dieu est inaltérable, ne saurait désespérer de la Providence. Des ténèbres de la nuit noire jaillit la lumière de l’aurore. Du plus profond de la douleur et de l’affliction vient le salut. Faisons que notre foi en Dieu, Le Tout-puissant, Tout Miséricordieux, nous serve de stimulant pour reprendre confiance en notre Oummah, en nos peuples et en nos Dirigeants, et pour tourner définitivement la page de la discorde, de la zizanie et de l’apathie, et inaugurer une ère nouvelle, celle de l’unité, de la puissance retrouvée et de l’invulnérabilité, avec la Grâce de Dieu et à force de patience et d’abnégation.
Chers frères,
L’intégration islamique ne se réalisera pas par l’effusion de sang, comme le prétendent les renégats qui ont abdiqué leur foi. La surenchère, l’extrémisme et l’anathème ne sauraient trouver un terreau fertile dans un pays qui cultive l’esprit de tolérance et prône la modération et la retenue. C’est dans ce contexte que s’inscrit le rôle d’une académie Islamique du Fiqf rénovée et appelée à assumer sa vocation et sa responsabilité historique dans la lutte contre l’idéologie extrémiste sous toutes ses formes et manifestations. De même, la politique des étapes est la clé du succès dans notre démarche, qui commence par la concertation autour de tout ce qui se rapporte à la politique, à l’économie, à la culture et à la société, pour en arriver, graduellement et par paliers successifs, à l’étape de la solidarité – si Dieu le veut !- et, de là, à une unité véritable et agissante, incarnée par des institutions capables de restaurer l’aura de notre Oummah et de la replacer sur l’échiquier mondial.
Chers Frères,
Le caractère de l’homme musulman est déterminé d’abord par sa foi, puis par son action, par ses principes et par sa moralité. Le Prophète lui-même avait dit : « J’ai été envoyé pour parachever les vertus morales ». Vous serez sans doute d’accord avec moi pour reconnaître que le perfectionnement et la mise à niveau des programmes de l’enseignement représentent une exigence fondamentale pour bâtir une personnalité islamique tolérante et favoriser l’émergence d’une société qui rejette le repli sur soi et l’isolationnisme, refuse de considérer l’autre comme un ennemi, et vit en totale symbiose avec le reste de l’humanité en prenant ce qui est bon et utile et en écartant ce qui est vicié.
Chers Frères,
Je rêve d’une Oummah islamique réunifiée, d’un pouvoir capable de terrasser l’injustice et de vaincre la tyrannie, d’un développement islamique intégral visant à éradiquer la pauvreté et l’indigence. Je rêve de voir irradier cet esprit de la modération éclairée qui illustre toute la mansuétude de l’islam. Je rêve d’inventeurs et d’industriels musulmans, d’une technologie islamique avancée, d’une jeunesse musulmane oeuvrant pour ici-bas comme pour l’au -delà, sans pécher par excès et sans laxisme.
La renaissance et le renouveau se nourrissent d’un espoir qui se métamorphose en idée puis en objectif. Notre Oummah est assurément apte à réaliser ses objectifs avec l’aide de Dieu seul, et en se fiant à la Parole Divine : « Dieu ne change ce qui est en une communauté que si elle change ce qui est en elle » et la Promesse Divine : « Si vous secourez Allah, Il vous secourra et affermira vos pas »
Wassalamou aleikom wa rahmat Allah Wa bararakatouh
Abdullah ben Abdualziz